Pour la 3ème année consécutive, je suis partie savourer les beaux sentiers d’Ardèche. Après le 36km en 2012 dans des conditions météos…Euuuuuh…comment dire…. horribles, le 57 km en 2013 avec des conditions encore plus désastreuses, me voici inscrite sur l’ardéchois dans sa version ultra trail : 98km avec ses 4800m de dénivelé +… une folie ???? On verra. La distance me fait envie… mais pas le dénivelé. Ce sera un Trail familiale, mon frère et ma sœur m’accompagnent dans cette aventure. A croire que la folie, c’est de famille. Voici nos ambitions :
Mon frère : battre ma sœur, ma sœur : battre mon frère et moi la dedans …. Et bien juste terminer cette course. Je leurs laisse la bataille, les podiums, les chronos.
Vendredi 02 mai 21h30 : tout le monde au lit car le réveil doit sonner de très bonne heure. Apres nos habituelles pâtes bolognaise, une nuit comment dire…..très agitée, le réveil sonne à 01h30, enfin. On y est. La fatigue laisse place à l’impatience, l’excitation, l’angoisse, l’envie, la peur… C’est une multitude de sentiments que je ressens à ce moment-là. Les sacs sont fait de la veille, il n’y a plus qu’à manger notre gâteau sport, boire un café, un brin de toilette et hop, c’est le moment de rejoindre la ligne de départ. Il y a 240 dingues à se présenter pour ce périple .Mon beau-frère qui nous suis prendra des photos de nous 3, des copains (nous avons 2 autres amis sur le 98 avec qui nous partageons cette aventure, et 3 autres sur le 36 et le 57km). Le départ est donné à 03h00. Un premier tour de village qui ne compte pas car nous revenons au point de départ et le chrono se déclenche enfin en passant sous l’arche (hey !!!! les mecs, 500m en plus…..on se rapproche du 100 !!!!J). Nous partons donc à la frontale. Le temps est clair, un peu de vent mais nous devrions être un peu plus au sec que les autres années. Le début de course est incomparable au départ du 57 ou 34 avec 1500 personnes qui s’élancent sur les pentes ardéchoises. Nous sommes terriblement bien, dans le noir, dans le silence, peu nombreux. Je savoure ce moment. Le but dans cette première partie est d’assurer le pas pour éviter les chutes, les entorses. Bonne surprise car au bout de 2h00, nous en sommes à 15 km, ça avance plutôt bien malgré le dénivelé.
05h15 : les oiseaux commencent à se gazouiller, 05h30 nous atteignons les ruines de Rochebloine que nous ne verrons que dans le noir. Le parcours est fabuleux. Même si je le connais déjà, il parait différent, sans la pluie, la boue, dans le noir et dans ce silence malgré les coureurs autours de moi. Je prends beaucoup de plaisir.
D’un coup, derrière moi, j’entends des voix… familières « et Carole, elle est où ? »…. Mon frère et ma sœur ??????? Et bien oui. L’instant d’une seconde, je me dis : Ouahhhhhhh je suis super forte, je suis devant eux !!!!!!! J’ai du mal à y croire….et je fais bien car à ma hauteur, ils m’annoncent qu’ils sont une 50aine de coureurs à s’être plantés. Ils ont fait 2 Km de trop et reviennent au grand galop!!!
22km : le premier ravitaillement est là. Le jour s’est levé. Tout va bien, le moral est au beau fixe. Je réponds à quelques messages d’encouragements. Ça fait plaisirJ. Et HOP…..en route, le chemin est encore long. J’avance encore et encore avec mes amis.
Vers le 35eme km, nous avons le droit à une bonne surprise, nous croisons les coureurs du 34 et 57 km. La plupart des coureurs savent que nous sommes les barjots du 98 et nous encouragent. Quelques-uns ne le savent pas et nous disent très sérieusement : vous vous trompez de sens !!!!! La course, c’est par là !!! (Gros sourire car nous avons tout de même 1500 personnes qui nous arrivent dessus !) J’aurai le privilège de croiser nos copains sur le 34 et 57 et d’échanger quelques paroles avec eux.
44KM : 2eme ravito : j’arrive, me pose sur un banc 5 mn à siroter une soupe de pâtes (Humm c’est bon). J’apprends que je suis dans les 90 premiers, un homme annonçant à un coureur qu’il est le 100ème à arriver. COOL !!!!!! Il y en a beaucoup derrière moi en fait. Du coup, j’abrège mon temps de repos et je repars seule contente de ce que je viens d’entendre (faute !!!!! il ne fallait pas réduire la pause). Une des grosses difficultés commune au 57 et 98 km se présente à moi. Beurk, je n’aime pas les côtes !!! Elle passe quand même et arrive le km 50. Là, tout bascule pendant 14 km…
Je suis seule, il fait chaud sans ce vent, il fait froid avec ce vent. J’ai faim, je n’ai pas faim….je ne sais plus trop ce que je veux à part stopper et dormir. Je me fais doubler par quelques coureurs et je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Je n’avance plus. Ils m’énervent tous car quand je les regarde gravir ces côtes, ils mettent juste un pied devant l’autre et ils avancent vite !!! Alors pourquoi pas moi ? Pourquoi je ne sais pas marcher en côte comme eux ?????? Moral dans les chaussettes. Le temps est long, très long toute seule.
64 km : le ravito est là. C’est le dernier ou l’on peut manger. Je veux abandonner car je n’ai plus la force de repartir, je suis épuisée. La cuillère de soupe que je viens de prendre ne passe pas. J’ai envie de vomir. L’ami qui est arrivé 5 mn avant moi au ravito me dissuade d’abandonner et me conseille de m’allonger er de dormir 10-15 mn au soleil. C’est ce que je fais mais pendant 5 mn seulement et j’avoue qu’il avait raison. Le soleil m’a fait du bien. Je repars à manger et cette fois ci, la soupe passe très bien, le fromage, le pain, le saucisson aussi. Je dévore…. J’étais juste affamée. 2 coureurs me demandent de me joindre à eux pour terminer ce trail. J’accepte car à plusieurs, je sais que c’est moins dur. Donc je repars avec Miguel et Pierrot (qui a une tendinite depuis le 30eme et qui souffre à chaque descentes mais veut finir). Nous papotons, nous rigolons, nous courons, nous marchons en côte… bref, nous oublions…… le balisage (zut nous rebroussons chemin car nous nous sommes trompés de trajet (Hey les mecs…. Les voilà mes 1,5 km en plus qui m’amènent à 100 kmJ)) donc nous oublions les difficultés passées, à venir. Seul objectif : finir. Cyril, un jeune de 23 ans nous rejoins dans ce petit groupe (enfin, c’est nous qui le rattrapons car lui aussi a une tendinite et souffre). Le trajet continu, montée, descente et puis arrive le tour du lac au km 80. Chouette….du plat. Tu parles !!!!!!!!!! Les organisateurs ont bien du se marrer en balisant le parcours. Tout le tour n’est que marécage. On se croirait dans Shrek !!!!!! Nous étions super content d’avoir les pieds au sec depuis le départ et voilà qu’en 6 km, on a les chaussettes et baskets noires. C’est du trail !!!!! Alors on y va.
Km 86 : dernier point d’eau dans un petit resto sympa. Il fait assez froid dehors. Un vent glacial s’est levé depuis le lac alors un peu de chaleur fait du bien. Nous sommes restés un peu longtemps, trop à mon gout (15 mn) donc on repart un peu rouillé. Il ne reste que 12 km. 12 km de descente. Cool pour moi mais beaucoup moins pour Pierrot et Cyril. Ils vont être fabuleux, D’une force phénoménale. Ils vont serrer les dents et tout le reste pour courir les 12 km sans se plaindre. vitesse : 10 km/h environ. Chapeau car nous savons tous que courir avec une douleur, c’est juste pas possible. C’est vraiment là que le mental doit être monstrueux.
A 1,5 km de l’arrivée : il est quoi…21h10 environ. Je n’ai pas l’heure exacte mais je sais qu’il ne reste que 1,5 km et que le trail est gagné. Cyril est venu d’Alsace avec son club. Ils sont 30 environ à attendre le héros. Nous rencontrons un premier groupe de 10 personnes qui commence à entamer des chansons de victoire. Nos prénoms sont inclus dans ces chansons. Ils nous suivent en courant et là….c’est juste MAGIQUE. Un second groupe se trouve 500m plus loin. Les hurlements repartent de plus belle (les 10 premiers sont déjà fatigués et essoufflés alors que nous, et bien nous pétons la forme J L’arrivée nous donne des ailes. Enfin l’arche en vue. Ma famille est là, c’est merveilleux. Les 10 autres Alsaciens sont avec les bouteilles de champagne et nous passons la ligne d’arrivée les bras levés. Nous sommes arrosés de champagne. OUAAAHHH, c’est la première fois que je ressens ça. J’ai l’impression d’avoir remporté une médaille olympique ! Et devinez quoi…. Et bien je fonds en larmes dans les bras de mon frère et de mon beau-frère, fière, heureuse d’avoir réussi. La pression retombe d’un coup.