La dernière fois que j’ai couru un trail dépassant 20km, j’ai fini piteusement avec 2 chutes dans des descentes et les jambes écorchées, sans compter le mal de tête après m’être rattrapé sur la nuque sur la chute la plus sèche. A la fin, je me suis dit « PLUS JAMAIS CELA !». Il faisait 22km et le terrain était boueux. Mais pris dans l’effervescence de la rentrée, me voici au départ d’un trail de 25km se courant de nuit : LA NUIT DES CABORNES. Heureusement le temps est superbe et le terrain sec. De plus, nous sommes une petite partie de l’équipe à courir ce qui est toujours plaisant pour se motiver (Franck & les 2 Thierry). Nous rejoignons la ligne de départ où il y a une masse de 450 personnes et parmi tout ce monde, nous retrouvons les filles (Agnès & Chantal).
Après le speech des organisateurs vient le départ. Etant au milieu de la meute pour ne pas me faire embarquer dans un départ tonitruant, je reste avec l’équipe. Mis à part ma frontale, j’ai fait l’impasse sur l ‘équipement du trailer (boisson, gel, …). Je voulais être le plus léger possible.
Je n’ai fait aucun échauffement et je le ressens suite au départ. Bien que mon train soit pépère, j’ai mis du temps à trouver mon souffle. Je double pas mal de monde sur la route car c’est assez roulant. Plus loin, je commence à trouver ma place car je double de moins en moins. Jusque là, je n’avais pas allumé ma frontale mais d’un coup, j’y suis obligé car nous bifurquons dans un bois. Le chemin reste assez large pour me permettre de dépasser (finalement c’est sympa de partir du milieu du peloton car on double beaucoup de monde et c’est enivrant comme sensation). Cela commence à souffler autour de moi et le jeu de lumière des frontales projettent des ombres de toutes tailles sur la forêt environnante.
La 1ière vraie côte arrive et mon souffle est là, puis vient une descente où je navigue à vue du fait du coucher de soleil environnant. Je manque de tomber et je retiens ma vitesse. Cela bouchonne derrière puis je peux relancer sur un faux plat et là plus personne ne se plaint derrière moi.
Les écarts se creusent et la nuit noire est là. J’avais quelques doutes sur l’efficacité de ma frontale mais cela est suffisant pour courir sauf quand je dépasse un coureur dont le halo lumineux dépasse celui d’un poids lourd.
J’arrive à une côte où le grappin d’alpiniste s’avère nécessaire et je m’étonne de courir aussi vite que la personne devant moi qui marche. Dorénavant, je pratiquerai une marche rapide dans les côtes trop raides ce qui a pour effet de moins perdre d’énergie dans ces montées. Nous montons toujours depuis de nombreux kilomètres pour déboucher à la lisière d’un bois avec comme perspective la boule au sommet des Monts d’Or. Il y a un défilé de lumières dansantes jusqu’au sommet qui ajoute encore un peu de magie à cette course.
Après le sommet, la descente, le chemin est tortueux et je me demande à certains moments si je suis toujours sur le circuit, heureusement les points lumineux sont toujours là. Je manque de trébucher dans un fossé ce qui a pour effet de me rebooster. A partir de là, je vais traverser le meilleur moment de ma course. Je navigue dans la forêt à pleine vitesse et je passe un à un les concurrents devant moi. Montée ou descente, je suis en pleine confiance. Des bougies sont posées ici et là, qui ajoute un côté mystique et je passe le 1ier ravitaillement (9ième km) sans aucune douleur et en pleine bourre.
Les côtes et les descentes s’enchainent en ayant l’impression d’avoir perdu la notion du temps et je profite pleinement de la course sans pour autant m’arrêter pour regarder le paysage. Ce moment de plaisir va durer jusqu’à la descente juste avant le 2ième ravitaillement (16ième km). Cette descente va annoncer les douleurs à suivre. Je prends le temps de m’arrêter pour bien me ravitailler et repars d’attaque. Cette dernière côte n’en finit pas. A chaque tournant, on croit arriver au sommet et ça repart vers le haut. Un passage se fait carrément accroché aux troncs des arbres pour monter plus facilement. A certains moments, je suis tout seul avec le seul bruit de mon souffle. A d’autres moments, on entend la musique d’une fête de village et on se demande ce qu’on fait là. Mais voilà enfin le sommet, je me retourne et je vois une lumière qui n’est pas loin. Je me suis fait rattraper, j’essaye de relancer mais le problème, c’est qu’il faut descendre maintenant. Au début, la descente est douce donc j’arrive à tenir l’écart mais elle va devenir de plus en plus pentue avec des cailloux agressifs pour mes chevilles. Il va profiter de cette partie pour fondre sur moi et me mettre 2 minutes dans la vue. Je suis quasiment à l’arrêt dans cette descente tellement j’ai mal aux jambes. Mon poids n’est pas encore optimal pour faire face à ces douleurs. Je finirai dans cet état jusqu’à la fin et je suis même surpris d’arriver dans le village aussi vite ; On serpente un peu et voilà la ligne. 2h13, cela semble bien avec mon départ tranquille.
Me voilà de nouveau ami avec les trails car même si j’ai eu mal aux jambes tout le week-end, j’en ai bien profité et je le conseille à tout le monde (attention quand même car 25km avec 1000m de dénivelé, il faut être entrainé). Les premiers ont survolé les courses. Le 1ier du 42km était devant moi sur la partie que l’on faisait ensemble. Bravo à eux. Bravo aux autres coureurs/coureuses de l’ASCM car c’était une belle course mais dure.L’organisation était tout aussi réussie car les chemins parcourus étaient sacrément tortueux.
Fabrice D