7h45, un petit groupe de la section s’est donné rendez-vous dans la fraîcheur matinale sur la place de la Mairie.
Tenant compte des nombreuses exclusions (vacanciers, dissidents du Marathon d’Annecy, partisans de la Satho Verte le 1er mai…) nous sommes tout de même 8, incluant un affilié (Aurélien, le filleul de Carole J.) tous alignés sur le 10 kms du Trèfle Talançonnais : Jacques, Stéphanie, Carole J., Natalia, Isabelle, Valérie C., Aurélien et moi.
Dans la voiture, au fil d’un échange avec Jacques, je pose LA question camembert Trivial Pursuit : « mais au fait, le nom de la course, le Trèfle, ce ne serait pas parce qu’il y a trois boucles qui se rejoignent, façon pétale » ? Bingo – c’est ça. J’ai à peine le temps de me remettre de ma sidérante perspicacité (pour la modestie, je ne crains personne), que nous sommes déjà à Reyrieux.
Descente de voiture, oups c’est moi ou fait frisquet, là ? J’hésite, je mets ceci ou cela, toi tu gardes quoi sur toi, le gilet ou le blouson? En avril, ne pas se découvrir d’un fil et tout ça – grand classique des discussions de course, qui n’en finit pas de nous occuper jusqu’au Gymnase.
Sur le trajet, la 2e moitié du titre mystérieux de la course m’est dévoilée : il parait que les habitants de Reyrieux sont les Talançonnais – comme quoi personne n’est parfait, faut de tout pour faire un monde, et je dormirai moins bête ce soir (et probablement plus fatigué).
Inscriptions (pour les retardataires) et/ou retrait de dossards (pour les autres) – certes c’est deux euros de plus le jour même, mais moins de queue, c’est le prix du billet coupe file !
Petit café et échauffement – temps clair et ensoleillé, petite pluie la veille, on attend un terrain légèrement gras, non ce ne sont pas sont les commentaires du speaker pour Le Prix d’Amérique à Vincennes, mais bel et bien de notre Trèfle !
Le départ de la course est en côte avec un resserrement après 500 m, risque de bouchon pour la masse besogneuse des coureurs, ça motive Jacques pour partir fort devant (bon, en même temps, il en a les moyens, lui).
Toujours ce petit feeling particulier dans les dernières minutes avant le départ, excitation avec un peu d’attente devant l’inconnu (c’est ma 1ere sur cette course). Et c’est parti ! Petits encouragements aux filles, et je trouve ma place dans la foule. Compte tenu de la pente au départ, j’ai décidé de partir sans pression, et gérer l’effort selon mes sensations. Seul objectif : moins d’1 h, selon la difficulté du parcours.
Un peu de piétinement au 1er resserrement, file indienne et premières éclaboussures à sauter les flaques – rien de bien méchant. Puis chacun fait son trou, une longue côte à moitié en forêt puis dans les champs, le soleil rend l’exercice agréable.
Je rejoins Aurélien qui doit s’arrêter sur un problème de lacet – hélas le temps perdu ne se rattrape guère, disait Barbara. Le dénivelé se stabilise puis c’est déjà la 1e descente vers Reyrieux. J’allonge la foulée et relâche les bras, je suis bien, comme une mini impression de voler au ras du sol (genre Superman de province, en costume orange et noir), et je remonte ainsi plusieurs places (en descendant…). Vive les chaussures de trail, l’accroche et l’amorti font une vraie différence qui fait qu’on est en confiance.
On passe un petit goulet un peu en équilibre, pas le moment pour un faux pas, mais ça pimente le parcours, par ailleurs vraiment agréable et varié. On serpente dans le village puis replonge vers le gymnase, fin du 1er pétale (le rouge) et voilà le ravito. Fidèle à mon habitude, je fais le plein façon doggy bag mais ne m’arrête pas, je grignoterai et boirai en route – un volontaire baliseur héritera de mon gobelet vide.
On traverse le rondpoint et la pente s’élève pour attaquer le 2e pétale (vert). La plus grosse côte est à venir, autour du 6e km. Effectivement – le cardio s’emballe avec la pente, j’observe les coureurs devant moi, certains s’arrêtent, oh eh hein bon, un coup d’œil à droite, un coup d’œil à gauche, pas de Jacques dans les parages : je passe en mode marche rapide. Bonne pioche, je me rends compte que le coureur devant moi ne me décroche pas, de plus le cardio se calme, et la pente semble plus courte ainsi. L’enjeu est de pouvoir relancer en haut de la côte – no problemo, les sensations reviennent rapidement.
Nouvelle descente forte, on croise les coureurs du 21kms qui montent, ça redonne encore plus de jus de se dire que je suis mieux à ma place qu’à la leur ! Là encore, je double quelques coureurs, ma tactique semble payante. Je jette un œil au chrono, une accélération progressive sur le dernier kilomètre et voici la ligne d’arrivée – à peine plus de 55’, impec.
Je cherche Jacques au ravitaillement, pas vu, je me dis qu’il a dû profiter de l’eau des douches avant qu’elle soit froiiiiiiiide. Aurélien arrive deux minutes après, accueilli par ses parents, puis je décide de partir à la rencontre des filles.
Tour à tour, j’accompagne dans les derniers hectomètres Stéphanie, Carole, Natalia, Valérie et Isabelle, jusqu’au rondpoint. Joli panel de visages rougis et de postures plus ou moins fatiguées – mais pour toutes, la joie de finir et la volonté de tenir à mes côtés jusqu’à la fin. Nickel, les filles !
Au dernier tour, un spectateur m’interpelle inquiet, « non par-là, c’est par là l’arrivée !» – no soucy, sympa mais j’avais déjà fini, m’sieu !
Après quoi, je pars à la recherche de Jacques, en fait il profite du service d’un ostéopathe – la course s’est bien passée mais une contracture l’a rattrapé à la buvette (pourtant non alcoolisée !).
En recoupant les infos, j’apprends effectivement qu’il a fini 2e au scratch – euh même pas dégoutant le garçon. Une juste récompense pour un fidèle du Trèfle : interviewé dans le Progrès il cite sa 18e participation, 100% depuis la création de l’épreuve.
Nous patientons un long moment avant la publication des résultats et la remise des coupes– petits couacs dans l’organisation, mais y’a des choses plus graves dans la vie, non ? Seule Valérie risque de rater l’apéro chez Belle-maman – attention c’est vrai que ça peut être dangereux!
Après quelques échanges sur nos catégories respectives (« senior, ça fait maison de retraite », lance Carole, péremptoire), nous avisons le podium qui trône au milieu du gymnase, l’occase est trop belle, et la photo réussie. Un couple de jeunes embraye le pas, on les prend en photos à leur tour, ils sont mimis en vainqueurs.
Carole joue avec les boutons de sa montre chronomètre –GPS – ordinateur de bord (et néanmoins rose). Puis elle sort un post-it de sa poche, avec ses temps théoriques – elle avait analysé le parcours, et défini sa vitesse cible, km par km – on n’est pas des p’tites joueuses, à l’ASCM. La confrontation du post-it et de l’électronique livre un dilemme : elle a fait presque toujours mieux que son objectif à chaque km, et pourtant au final elle fait un peu plus, comment se peut-ce, on se le demande? C’est Valérie qui livre la clé de l’équation : d’après son supercalculateur technologique à elle, le parcours ferait non pas 10kms mais 10,45 kms, on nous aurait menti ?
Après cette séquence mathématique dominicale et matinale, je vais regarder la course enfants vers 11h. Un bout de chou haut comme trois pommes gagne la version maternelle, l’air même pas fatigué. Steuplait m’sieu, j’veux juste un bout de son énergie…
Puis Jacques a enfin l’occasion de monter sur le podium. Il gagne donc sa 257e coupe, 88e gourde, et 136e casquette. Il peut ouvrir une boutique e-bay spécialisée running, notre Jacques!
Marrant, la petite jeune de tout à l’heure monte vraiment sur le podium, 1e de sa catégorie, heureuse surprise pour elle!
Aurélien finit 2e cadet, il regrettera sans doute son lacet défait!
Midi, on quitte le gymnase avant l’apéro –sur le chemin du retour, Valérie appelle chez elle pour justifier son retard, arguant qu’elle ne veut pas être tenue responsable des lasagnes brûlées de belle maman !
Arrivés à Mionnay, on voit les participants de la sortie familiale vélo sous le auvent de l’école – un apéro chasse l’autre … Le sport, y’a que ça de vrai.
Fabrice M.