LA FOULÉE DES MONTS d’OR – une histoire de pression.

Tout a commencé avec une envie de nouveau, de s’essayer à une course avec difficulté en relais. Notre grand entremetteur Jacques (en tout bien tout honneur !!) me trouve une coéquipière, Marie Rigaud. Par SMS interposés on s’attribue les rôles dans le spectacle. A ma surprise, Marie choisit courageusement la partie la plus longue (15kms) et la plus dure (en gros, elle concentrait 80-90% des 600 m de dénivelé positif). J’hérite du tronçon initial en forte descente, et le plus court : 10 kms au garrot. De quoi me filer des complexes…. Enfin bon, je ne pleure pas sur mon sort J.

Sur le site de la course, un plan du tracé illustre le dénivelé façon Tour de France,, qui passe du jaune pâle (sur ma partie) au rouge pivoine vers le 16e km… vous l’aurez compris, l’intensité était proportionnelle à la difficulté. Gloups. S’agissant d’une course très majoritairement sur route, je me dis qu’en descente mes genoux vont souffrir, et qu’en montée ma partenaire va suer….

Je nous inscris donc, nom d’équipe « ASCM- Subli-Cimes » (uh, uh, jeu de mots puissance 23 au moins), mot de passe « glucose » parce qu’on en aura besoin.

Vient le week-end de la course. En fait je l’avoue, ce qui m’embête le plus dans les compétitions de course à pied, c’est de devoir mettre mon réveil le dimanche matin ! Lorsqu’en plus, l’horaire programmé correspond à celui de la semaine (en l’occurrence 6h30), la provocation est à son comble, faut pas me chercher, là ?

Et voilà que je passe la nuit d’avant à ressasser comment nous allions gérer la logistique du relais avec Marie…. Alors, si je pose ma voiture, il faut que je lui laisse les clés pour qu’elle puisse s’abriter, mais il me faut une solution pour remonter, ou alors je la descends et je remonte, mais alors comment je remonte moi à la fin de ma course, et (racine carrée du dénivelé)*(nombre de kms à pied) / (intégrale de la température au carré du nombre de participants), etc. ….. je dors très mal et me réveille avec une bizarre et irrationnelle pression.

Mon sac préparé la veille était censé me gagner du temps et de la sérénité, et voilà-t-y-pas que je me rends compte qu’il me manque ceci, et cela … Je pars in extremis.

C’est un petit comité de 6 personnes (Jacques, Carole C. ,Jean Pierre, Daniel S., Patrice et moi) qui se retrouve donc à matines (7h30) sur la route des Monts d’Or. La course n’a pas rallié les foules, à cause de la concurrence du Trail Givré et de sa version course la Montanoise (9kms) qui correspond au plus grand nombre, et du curieux découpage du relais des Monts d’Or. Mais bon, on se convainc que les meilleurs sont là (les concurrents du Trail Givré penseront la même chose bien sûr !). Je découvre que Marie et moi constituons le seul relais, ce qui ne va pas arranger notre logistique.

Arrivés sur place, les difficultés de parking nous font perdre plusieurs précieuses minutes, et je dois me garer plusieurs centaines de mètres en contrebas. Persuadé de devoir reprendre la voiture, je laisse mon sac dedans. D’un pas militaire par des rues en pente et des escaliers (1er échauffement), Daniel, Patrice et moi rejoignons le gymnase vers 8h15 alors que la course démarre à 9h… Je commence sérieusement à transpirer, me disant qu’il sera impossible de remonter à l’heure après avoir déposé mon binôme.

Ouf, Marie est déjà place avec et son copain et Chantal sa maman, tous deux inscrits en solo. Jean Philippe et Géraldine S. complète le groupe.

Marie a déjà retiré les dossards, me tend la puce et mon cadeau : une bouteille de Côtes du Rhône Guigal – ça nous change du traditionnel sac à chaussures ou tapis de sol ; moins sportif, à usage unique, mais bon pour le moral J.

Double ouf, elle m’informe qu’il y a des navettes pour le relais, et qu’elle s’y rend de suite. Ma pression retombe….  Z’auraient pas pu l’indiquer sur le site web, ces bandes de trucmuches ??

Je ramène la bouteille à la voiture, nouvelle montée et escaliers. Je m’offre un café, une annonce sur le hautparleur indique « le dossard XYZ est prié de se rendre au point dossards pour un problème de puce »… Moment de solitude, nouvelle bouffée de chaleur : qu’ai-je fait de la puce ??? Gasp, elle est dans la voiture avec le Côtes du Rhône !! Un coup d’œil à la pendule, 8h35, j’ai encore le temps d’aller la chercher, nouvelle descente et remontée… Du coup, j’ai perdu Jacques et le groupe, partis s’entraîner… euh c’est bon je suis chaud là, je crois, hein ? Néanmoins je fais deux trois petites montées et descentes puis prend place pour le départ, un peu en retrait pour ne pas me faire entraîner par le rythme trépidant du départ en tête.

La météo est clémente, fraiche et couverte, pas de neige ni de vent… nous sommes chanceux, ce n’était pas gagné vu les prévisions.

3,2,1… toujours ce petit moment particulier de tension et excitation mêlées. Départ !

On commence par une forte descente, au cours de laquelle je commence à dépasser en slalomant. Au bout de quelques minutes, je trouve ma place, remontant progressivement. Je rejoins Chantal qui a un mouchoir sur le nez : elle m’avoue saigner du nez, mauvais plan !

Le nombre de participants féminin s’éclaircit; avec l’expérience des courses, c’est un bon baromètre pour moi : je sais que je suis alors au bon rythme et qu’il faut stabiliser. De fait je me cale sur le rythme d’une femme (euh Nico, je te vois venir, pour moi course et pied et folâtrerie sont incompatibles, chacun son handicap, tout le monde n’a pas le mode Anaconda en option de base) que je décide de ne pas lâcher…. Je tiens trois ou quatre kilomètres, mais elle s’avérera trop forte… au final elle fera un podium dans sa catégorie, on se rassure comme on peut !

Je continue ma remontée en descente (comprend qui peut), pas de trace des autres mionnezans. J’ai pourtant l’impression de ne pas chômer, là ?

Première côte au tournant du 3e km, je la gère relativement bien, rassurant. Nouvelle descente, nouvelle côte, et au milieu la traversée de St Romain au Mont d’Or, où j’écarquille grand les yeux en passant devant la fameuse Demeure du Chaos, que je ne connaissais pas.

Ce lieu autoproclamé Musée d’Art Contemporain est la maison d’un capitaine d’industrie lyonnais (ou plutôt des médias je crois) et pour ceux qui n’ont jamais vu la chose, imaginez dans les Monts d’Or, en plein centre-ville, une maison qui semble avoir être bombardée et tagguée, ambiance squatt d’artistes post 2e guerre mondiale, avec au milieu sur un pylône dépassant les haut murs, une tête de mort d’environ 1,5 m de large !! Certains trouveront forcément ça « géniâââl » ou « sublissime », disons qu’il doit me manquer quelques rails pour arriver au même niveau d’émerveillement, je n’ai pas pris l’option Ecstasy au petit déj.

Dernière petite côte dans un chemin de terre, le seul de mon parcours… je trouve prétexte du terrain glissant pour passer en marche rapide. Pour être honnête, ce n’est pas un luxe mais je suis loin d’être le seul et finalement peu me doublent. La descente qui suit est la dernière, on rejoint la voie ferrée qu’on longe ensuite sur les deux derniers kms jusqu’au point relais.

Je boucle ma partie en 48’ et demie, sans avoir rattrapé les autres coureurs de l’ASCM- avec le sentiment en outre que j’étais assez proche du ‘taquet’.

Marie me tend sa doudoune pour la ramener à bon port, me rappelle que je dois lui passer la puce…ah oui, bonne remarque – finalement elle l’enlèvera elle-même, plus efficace !

Je dévore au ravito, Chantal arrive, m’annonce qu’elle a saigné pendant au moins 5 kms, songe à arrêter, et courageusement, décide de continuer.

Je profite de la chaleur et du siège de la navette pendant la bonne douzaine de minutes de remontée, puis retourne au gymnase, quasiment vide. Nouvelle descente à la voiture pour changer de tee-shirt (c’est pas comme si j’avais déjà eu deux occasions de remonter mon sac…) et récupérer mon téléphone car je décide de faire le paparazzi pour mes collègues.

Je m’installe dans un virage stratégique juste avant l’arrivée, d’où l’on voit bien les coureurs surgir. Apparition du soleil, que demande le peuple ?

Juste à temps pour voir arriver Jacques, dans les meilleurs bien sûr, je mitraille, mais juste après ma photo, gasp, il glisse et chute sous mes yeux à 50m de l’arrivée ! Il se relève et finit en conservant sa 11e place au scratch en 1h50. Je vais prendre de ses nouvelles, il confirme qu’il s’est effectivement fait mal, et va se faire soigner. Les organisateurs déplaceront les balises du virage pour éviter à d’autres coureurs la mésaventure de notre Jacques.

Je remonte et fais mon pronostic sur le meilleur mionnezan derrière Jacques : j’ai bon, un peu avant 2h15, arrive Jean Pierre, suivi de Carole C…. Je remonte à contresens du trajet et immortalise les derniers efforts de mes collègues au fur et à mesure.

Outre de faire le photographe officiel, mon but est aussi d’aller à la rencontre de Marie, que je retrouve à environ 1km de l’arrivée. « Je suis crevée, c’était dur » me dit-elle – « pas de souci, on va finir ensemble, à part un petit passage de 70m, il ne te reste qu’un km, tout en descente ». Dont acte, jusqu’à ce fameux dernier virage, où elle me plante littéralement sur place d’un sprint magistral ! Quelle finisseuse, et quelle mouche l’a donc piqué ? Je comprends en voyant son copain sur la ligne d’arrivée… les ailes de l’amour J.

Retour au gymnase, Chantal arrive juste après, son saignement l’a laissé tranquille sur la 2ème partie de la course. Échanges d’impressions, souvenirs de la course, Carole C. relate son coude à coude avec Géraldine S., dont je fais la connaissance à l’occasion – raison pour laquelle elle n’est pas sur les photos, comme quoi après toutes ces années, on ne connait pas encore tout le monde tant le club a grandi et les horaires ‘à la carte’ peuvent fort bien faire qu’on peut courir dans la même section sans se croiser ! Lutte de haute volée, car Carole et Géraldine feront un excellent classement dans leur catégorie.

Suit une dernière pression, mais la meilleure, celle d’après course : une mousse d’un brasseur local, offerte par Daniel (merci !), puis une séance photo de groupe avant la remise des résultats.

Marie et moi finissons en 2h38, je fais une honorable douzième place dans ma catégorie sur le 1er relais… mais combien d’inscrits étions-nous ?!

Outre notre indéboulonnable Jacques, bonne surprise, Carole hérite d’un podium en V1F.

Retour aux voitures, pas facile le démarrage en côte (en descente, en fait) au frein électrique quand les autres véhicules sont quasiment collé devant et derrière, et qu’on a les jambes un peu lourdes….La dernière pression du jour. J’ai eu ma dose.

Fabrice M

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